CARLOS BARBARITO


sept hivers
© Carlos Barbarito 2007

traduits par
© Elina Julia Kohen et Chantal Enright 2007





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À Alejandro Puga


…And wingless truth and larvae lie
And eyeless hope and handless fear…

Edith Sitwell



o

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I

¿El viaje aún? ¿ Partir
hacia lo que se desconoce?
¿A bordo de qué tren
o barco, de a pie? ¿Es posible
todavía, tiene algún razón,
algún sentido? ¿O sólo
queda la conformidad de estar vivo,
de respirar, de recordar
que una vez hubo y ahora no hay?
¿Puede constituir eso
la vida y no la sed de mar
en pleno desierto, el sueño
de mujer entre sombras,
de música en medio del silencio?






I.

Encore le voyage? Partir
vers l’inconnu?
à bord de quel train,
de quel bateau, à pied?
Cela est-il encore possible,
y-a-t-il une raison,
un sens? Ou ne reste-t-il
que la résignation d’être vivant,
de respirer, de se souvenir
qu’une fois il y eut et qu’à présent il n’y a plus?
Cela peut-il constituer la vie
et non pas la soif de mer
en plein désert, le rêve d’une femme
parmi les ombres,
d’une musique au cœur du silence?

o




2





II

Pero está el fuego, que purifica. Y
la oscura verdad bajo el cieno.
Alguna mínima virtud luego de la vergüenza.
Horas en la oscuridad y un instante
ante una luz que enceguece.
Lo que se sabe y lo que se ignora.
La astilla, la paradoja, el acicate.
La mano amasa lo que la boca no comerá.
La boca muerde lo que debiera besar.
Oscuros pescadores en quemados arenales.
Oscuros náufragos en patios de cemento.
Qué surge de la tierra.
Qué orbita el cansancio.
Qué se hunde en la ceniza.








II.

Mais il y a le feu qui purifie. Et
l’obscure vérité sous la fange,
quelque vertu minime apros la honte.
Des heures dans l’obscurité et un
instant face à une lumiore aveuglante.
Le savoir et l’ignorance.
L’écharde, le paradoxe, l’éperon.
La main pétrit ce que la bouche ne mangera pas.
La bouche mord ce qu’elle devrait embrasser
D’obscurs pêcheurs sur des sables brûlants
D’obscurs naufragés dans des cours de ciment
Que surgit-il de la terre?
Qu’est-ce qui orbite la fatigue?
Qu’est-ce qui s’enfonce dans la cendre?


o

3





III

A través de la grieta el ojo descubre
lo que ya sabían los muros,
las raíces. Y es inútil la palabra.
Y es vano el juego del niño en el barro.
Porque al fin nada obtiene de si
el alimento, nada alcanza
lo que persigue, nada se transfigura.
Hasta el aire tiene peso.
Hasta los bailarines mueren en el fuego.
Hasta el pez acaba en la red o en la teología.





III.

À travers la fente, l’œil découvre
ce que les murs et les racines
savaient déjà. Et inutile est le mot,
Et vain est le jeu des enfants dans la fange...
Car finalement rien n’obtient l’aliment
de soi-même, rien n’atteint
ce qu’il poursuit, rien ne se transfigure.
Même l’air a son propre poids
Même les danseurs meurent dans le feu
Même le poisson fini dans les filets ou dans la théologie.

o




4





IV

¿Cómo debo llamarla? ¿Hermana,
máscara, hocico de lobo,
pozo o tejado, reflejo, laurel,
demonio? Siento
que cualquier palabra puede hacerlo
pero que ninguna puede alcanzarla
allí donde nace y consiste.
Huye, se extravía en la niebla.
Está detrás de mí, en el espejo.
Vive en una altura indefinida, inmedible.
No tiene peso, torna inútil la balanza.





IV .

Comment devrais-je l’appeler?
Sœur, masque, museau de loup,
puits, tuile, reflet, laurier,
démon ? Je sens
que tout mot pourrait convenir
mais qu’aucun ne peut l’atteindre là où
elle naît et réside.
Elle s’enfuit, s’égare dans la brume.
Elle est derriore moi dans le miroir.
Elle vit à une hauteur indéfinie, sans mesures.
Elle est sans poids et rend inutile la balance.

o

5





V

Se helarán nuestras memorias
cuando la tierra que pisamos esté seca.
Se helarán ante nosotros las olas,
la Vía Láctea, el libro, el relámpago.
¿Cómo evitarlo? ¿Cómo
evitar que nos suceda
lo que va a sucedernos?
¿Por qué en toda playa,
cuando atardece, un cadáver de pez
y entre las galaxias, un galaxia oscura,
que ya no emite sonido ni luz?
¿Por qué no pueden ser eternos
el movimiento del nadador entre las olas,
el aroma de las rosas en el jardín,
nuestras imágenes reflejadas en charcos y espejos?






V.

Nos mémoires goleront lorsque la terre
que nous foulons sera soche.
Sous nos yeux goleront les vagues,
la voie lactée, le livre, l’éclair.
Comment l’éviter? Comment
éviter qu’arrive
ce qu’il devra nous arriver?
Pourquoi sur toutes les plages,
au soir, un cadavre de poisson,
et parmi les galaxies, une galaxie obscure
qui n’émet plus ni son ni lumiore?
Pourquoi ne peuvent-ils être éternels,
le mouvement du nageur entre les vagues
le parfum des roses dans le jardin
et nos images dans le reflet des flaques et des miroirs?

o



6





VI

Sumerge la mano en la sombra
y la cree, por un momento, agua.
No sueña.
Sueña con un maniquí bajo la lluvia.
Muere y despierta en la misma cama,
bajo la misma frazada.
Afuera, abejorros entre las flores,
lejanos ladridos de perros,
que no ve ni oye.
Al alba, como siempre,
habrá un llamado que no atenderá
y, del otro lado, de nuevo,
tal vez por última vez,
una boca pura, una música celeste y pura:
por qué no vamos al mar,
por qué en el mar no nos desnudamos.





VI.

Il plonge sa main dans l’ombre
Et la prend pour de l’eau un instant.
Il ne rêve pas.
Il rêve d’un mannequin sous la pluie.
Il meurt et se réveille dans le même lit,
sous la même couverture.
Dehors, des bourdons dans les fleurs,
de lointains aboiements de chiens
qu’il ne voit ni n’entend.
À l’aube, comme de coutume, un
un appel auquel il ne répondra pas
et,de l’autre côté, à nouveau
et peut-être pour la derniore fois,
une bouche pure, une musique céleste et pure:
Pourquoi n’allons nous pas vers la mer,
Pourquoi ne pas nous déshabiller dans la mer.

o






7





VII

Ésta es la casa. No es sólo fe,
ni sueño, ni voluntad, ni deseo.
Es ardua y dura materia:
una piedra sobre otra,
días y noches, durante años.
Una sombra adentro de un trapo
no basta como amante o hermana;
¿nacerá lo deseado del fondo de la tierra,
al cabo de estas horas,
cuando más arrecie la tormenta?
¿será entonces la edad propicia,
el momento para tener hambre y sed
y encontrar con los ojos cerrados?





VII.

Voici la maison. Ce n’est pas seulement
la foi, ni le rêve, ni la volonté, ni le désir.
C’est une matiore dure et drue
une pierre sur l’autre,
jours et nuits, pendant des années.
Une ombre à l’intérieur d’un chiffon
ne suffit pas comme amante ou comme sœur.
Le désir naîtra-t-il du fond de la terre,
au bout de ces heures,
au plus fort de la tempête?
Sera-t-il alors l’âge propice,
le moment d’avoir faim et soif,
de trouver quelque chose les yeux fermés?

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Copyright © Carlos Barbarito 2007

Copyright traduction © Elina Julia Kohen et Chantal Enright 2007



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