CARLOS BARBARITO
radiation de fond
© Carlos Barbarito 2005
7 des 46 poomes traduits par
© Patrick Cintas
2005
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A María y Cecilia A la
memoria de Czeslaw Milosz
Si un animal hiciera por
espíritu lo que hace por instinto
para la caza y para advertir a
sus camaradas
que se ha encontrado o perdido la presa,
mejor
hablaría de cosas más afectas a él, como para decir:
Roed esta
cuerda que me lastima, donde no puedo alcanzar.
Pascal,
Pensées, III, 1, 260.
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A María y Cecilia A la
mémoire de Czeslaw Milosz
Si un animal faisait
par esprit ce qu'il fait par instinct,
et s'il parlait par esprit ce
qu'il parle par instinct,
pour la chasse, et pour avertir ses
camarades
que la proie est trouvée ou perdue,
il parlerait bien
aussi pour des choses ou il a plus d'affection,
comme pour dire:
"Rongez cette corde qui me blesse, et ou je ne puis
atteindre'
Pascal, Pensées, III, 1, 260.
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1 |
¿Y ahora qué hace? Su duda se anticipa a
cualquier otra cosa. Incluso hasta la propia muerte debería,
si se presentara, esperar. ¿Le da la razón a las cenizas y se
olvida que de algún modo, por alguna vía, por quién sabe qué
ardid, pudo ser feliz y nada hizo al respecto? (El fuego, le
dijeron, siempre tiene roto el extremo. No lo entendió entonces,
sigue sin entenderlo.) ¿Enfermo de un mar curable y sin
embargo mortal, plantará un cyclamen en la estepa sabiendo que
no tardará en marchitarse? (Le dijeron: no tendrás nunca una
casa, cuando quieras ver el día será tarde, será de
noche.) Ecos remotos, cada vez más inaudibles: Tigris y
Eufrates, emenagogo, creosota, Es como un alto en la vida, un
súbito miedo a despertar, Jeremías en San Vincenzo, el Evangelio
de Nicomedo, las flores de Leonardo, virgen de oro,
camafeo... ¿Se llama a sí mismo y no asiste, yerra y todo
renace, acierta y todo sigue bajo el lodo, se llama a si mismo
y asiste, desnudo, sucio de tiempo y cenizas?
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Et maintenant, que fait-il ? Chez lui
le doute est primordial.
Même la mort, si elle venait,
devrait attendre.
Il donne raison aux cendres
et il oublie qu’en tout cas,
d’une maniore ou d’une autre, par on ne sait quel stratagome,
il eût pu être heureux mais qu’il n’a rien fait pour que ça arrive ?
(Le feu, lui dirent-íls, est toujours cassé en son sommet.
Il ne l’entendit pas alors, et il continue de ne pas l’entendre.)
Malade d’un mal guérissable
et mortel cependant, il peut planter
un cyclamen dans la steppe
sachant pertinemment qu’il ne tardera pas à se flétrir ?
(Ils lui dirent : jamais tu n’auras de maison,
quand tu voudras voir le jour il sera tard, il fera nuit.)
Echos lointains, chaque fois plus inaudibles :
Tigre et Euphrate, emménagogue,
créosote, C’est comme un sommet dans la vie,
une peur subite de se réveiller, Jérémie à la saint-Vincent,
l’Évangile de Nicomode, les fleurs
de Léonard, vierge d’or, camée...
Se nomme-t-il lui-même sans répondre présent,
erre-t-il et tout renaît alors, a-t-il raison
et tout continue sous la boue,
se nomme-t-il lui-même et répond-il présent, nu,
sale de temps et de cendre ?
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2 |
Hacia el fin del mundo, a
bordo de un tren inmóvil. Polvo de tiza en los párpados, en
las manos. Hacia el fin de lo conocido, medido y pesado, ante
un paisaje que miente cielos de lluvia y luego cielos
azules, campos sembrados y luego baldíos. ¿De qué noche es
esta falacia? ¿De qué muerte se compone esta vida, que no se
refleja en espejo alguno, fija en el centro de un ojo no
humano, de perro, oso, caballo?
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Jusqu’à la fin du monde,
dans un train immobile.
Poussiore de craie sur les paupiores,
sur les mains. Jusquà la fin
du connu, mesuré et pesé,
devant un paysage qui ment
ciels de pluie suivis de ciels bleus,
champs ensemencés suivis de terrains vagues.
De quelle nuit est ce mensonge ?
De quelle mort se compose cette vie,
qu’aucun miroir ne réfléchit,
immobile au centre d’un oeil non humain,
de chien, d’ours, de cheval ?
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3 |
Qué espera, qué no
espera, empujado a otro destierro. El ojo hacia alguna
hora, abierto a medias: cae, al fondo de la escena, un
piano, en ralentí, en un mar sin olas se hunde. Qué vive, qué
muere, del lado ajeno, confuso, un pez desgarra la
superficie, impide con su acto toda belleza. Y no lo sabe. No
sabe cuanto arrastra la luna en su órbita, hacia dónde se
inclina el relámpago cuando queda vacío, si basta o no con
encender un fuego y arrojar al fuego el eco y la sombra. Y
está el tiempo, el óxido, lo que despacio se deshace; un rato
antes se desnudan, por un instante son menos ásperos, oyen una
música, se huelen entre sí y lo que huelen se presenta ancho y
verdadero. Pero, ¿cuánto dura? Enseguida cruje la madera de la
puerta, se arruga la tela que cubre la tierra, tercian el
ganado, el sismo, la malaria. Lo afín se separa, se tuerce la
plomada, sólo huelen los perros que buscan alimento bajo
montañas de hojas secas.
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Qu’attend-il, que n’attend-il pas,
poussé vers un autre exil. L’oeil
tourné vers certaine heure,
à moitié ouvert : tombe,
au fond de la scone,
un piano, au ralenti,
se noie dans une mer sans vagues.
Qu’il vive, qu’il meure,
de l’autre côté, confus,
un poisson frise la surface,
il empêche ainsi toute beauté.
Et il ne le sait pas. Il ne sait pas
tout ce que la lune attire dans son orbite,
jusqu’où se penche
l’éclair quand il devient vide,
s’il suffit ou non de mettre le feu
et d’y jeter l’ombre et l’écho.
Et voici le temps, la rouille,
ce qui lentement se défait;
un instant plus tôt ils se dénudent,
pour un instant ils sont moins rugueux,
ils entendent une musique, ils se reniflent
et ce qu’ils sentent
paraît vaste et vrai.
Mais, combien de temps cela dure-t-il ?
Soudain, le bois la porte craque,
la toile qui couvre le monde se plisse,
arrivent les bêtes,
le séisme, la malaria. L’analogue
se sépare, s’emmêle la plombée,
seuls les chiens qui cherchent à manger
reniflent
sous les montagnes de feuilles soches.
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4 |
Por el suelo, en el aire, al borde
de las grietas, en las ramas de los árboles. Solitarios, en
colonias, livianos, Pesados. Ablandan con jugos lo duro o lo
perforan, aún en lo oscuro noche ven las invisibles líneas de
los pétalos. Frotan sus alas, raspan sus patas
traseras, cantan, captan ese canto desde muy lejos. Vuelan,
corren, saltan, desaparecen en la arena, caminan sobre el
agua de los lagos, patinan, se emparejan en pleno vuelo, de a
dos, unos con otros en nutridos enjambres. Como nosotros,
parecen estar en todas partes, da la impresión de que nada les
es ajeno, que todo les pertenece. Pero, como nosotros, no
pueden respirar bajo el mar y el fuego no tarda en
abrasarlos.
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Au sol, dans l’air,
au bord des fissures,
dans les branches des arbres.
Solitaires, en colonies, légers,
lourds. Ils attendrissent ce qui est dur
avec leur suc ou ils le trouent,
même dans le noir de la nuit
ils voient les lignes invisibles des pétales.
Ils se frottents les ailes, raclent leurs pattes postérieures,
chantent, captent ce chant
de tros loin.
Ils volent, ils courrent, ils sautent,
ils disparaissent dans le sable,
marchent sur les eaux des lacs,
patinent, s’accouplent en plein vol, deux à deux,
les uns avec les autres en essaim abondant.
Comme nous, ils semblent
être partout,
ils laissent penser que rien ne leur est étranger,
que tout leur appartient.
mais, comme nous,
ils ne peuvent respirer dans l’eau
et le feu finit par les détruire.
30-7/4-8-04
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5 |
(Modigliani)
Bebe porque tiene
sed y porque tiene sed se mancha. Su dios es pequeño, muere
cada otoño antes que las hojas. En cada tela, un desnudo. La
cabeza hacia un lado. Golpea el vidrio un viento: ¿quién
detendrá su furia, quién acariciará la frente de ese
potro, quién tocará una a una las cuerdas, un sonido en
progreso en dirección a cierto amor, a cierta isla cimentada
en calma?
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(Modigliani)
Il boit parce qu’il a soif
et parce qu’il a soif il se tache.
Petit est son dieu,
il meurt chaque automne avant les feuilles.
Sur chaque toile, un nu.
La tête penchée.
Un vent frappe le verre:
qui mettra fin à sa hâte,
qui caressera le front de ce poulain,
qui jouera une à une les cordes,
un son qui avance
vers cet amour,
vers cette île cimentée tranquillement.
11-8-04
o
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6 |
(A Denise Levertov)
Los
animales vienen a su encuentro. Le ladran, mugen,
balan, gruñen, pían, chillan. Le lamen las manos y la
cabeza. Algunos, los que tienen brazos, la abrazan. Otros le
pasan sus lomos por las piernas. Un sueño de niño, sin
sobresalto. La vida tal cual es, desnuda, sin
artificio.
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(À Denise Levertov)
Les animaux viennent à sa rencontre.
Ils lui aboient, mugissent, bêlent,
grognent, pépient, piaillent.
Ils lui lochent les mains et la tête.
Certains, ceux qui ont des bras, l’embrassent.
D’autres frottent leur dos sur ses jambes.
Un rêve d’enfant, sans soubresaut.
La vie telle quelle est, nue, sans artifice.
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7 |
Es otra vida, temprana. Es otra
fruta, jugosa, ingrávida. Desnuda, ágil, en un amplio teatro
de formas, siempre la misma escena nunca repetida. No es
idea, es tal vez preludio, perfil angélico, un raro fulgor
en los arbustos. Y nueces, salmodia, oro entre nubes, suave
desmayo que deja estela. Ahora la respiro, bosque o
limbo, dejo sobre sus hombros amoroso, inocente pasado, tal
vez Chardin, Watteau, Boucher...
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C’est une autre vie, jeune encore.
C’est un autre fruit, juteux, léger.
Nue, agile,
dans un grand théâtre de formes,
toujours la même scone
jamais répétée.
Ce n’est pas
une idée,
c’est peut-être un prélude,
profil angélique,
une rare lueur dans les arbustes.
Pommes d’Adam, psalmodie, or dans les nuages,
doux évanouissement qui laisse des traces.
Maintenant je la respire,
bois ou limbes,
je tombe amoureux
sur ses épaules, passé innocent,
peut-être Chardin, Watteau, Boucher...
19-10-04
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Carlos Barbarito 2005
Copyright traduction ©
Patrick Cintas 2005
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